CONNECTEZ VOTRE ENTREPRISE À LA RECHERCHE
- Serge DARRIEUMERLOU

- 12 nov.
- 6 min de lecture
🔶 POURQUOI ?
Un dirigeant me confiait récemment : “J’ai l’impression de courir après des technologies que je ne comprends plus.”
Et c’est exactement là que tout commence : quand l’entreprise réalise que ses capteurs classiques de signaux faibles ne suffisent plus.
Les technologies avancent à une vitesse fulgurante : intelligence artificielle, biotechnologies, matériaux durables, automatisation, énergies propres. Elles bouleversent nos business model, nos manières de produire, nos relations clients, nos partenariats.
Alors, comment garder un coup d’avance ? Comment (re)créer l’espace d’anticipation vital ? Comment avoir les idées claires pour innover, investir dans le bon sens ? Comment accompagner la transition technologique de son entreprise sans la subir ?
🔶 COMMENT ?
Être informé des nouvelles technologies, c’est bien.
Savoir les anticiper, c’est mieux.
Savoir quoi en faire - et pourquoi - c’est essentiel.
1️⃣ Se connecter à la recherche et à la connaissance
L’intelligence ultime d’une entreprise, c’est d’être apprenante et pour cela il faut bien sur la connecter… à la connaissance. Et à une connaissance de qualité.
Aller dans les salons professionnels pour observer les nouveaux produits des concurrents ? Pourquoi pas. Mais ces produits sont souvent le résultat de projets commencée trois à cinq ans plus tôt. Ce n’est pas avoir un coup d’avance… c’est avoir trois ans de retard.
La connaissance se trouve dans l’écoute client, certes, mais aussi et surtout dans les laboratoires, les centres de recherche, les universités. C’est là que naissent les technologies qui transformeront votre métier.
Connecter son entreprise à la recherche, c’est replacer la connaissance au cœur de la stratégie. C’est se relier à la source du savoir, au progrès en mouvement.
C’est une responsabilité de dirigeant : anticiper, se donner du temps d’action, orienter les bons investissements pour pérenniser son entreprise.
Derrière chaque technologie, il y a une connaissance nouvelle.
Connaître l’état de l’art d’un domaine, c’est comprendre vers où se dirigent les prochaines technologies.
Et dans un monde où l’intelligence artificielle accélère les cycles d’innovation, cette connexion devient vitale.
Le premier bénéfice est immédiat :
On introduit une nouvelle nature d’information dans le système stratégique de l’entreprise, une veille de premier niveau, issue de la recherche, qui éclaire les transformations à venir dans trois à cinq ans.
Pourquoi développer une version 2 d’une technologie appelée à disparaître,
quand la recherche annonce déjà une révolution de génération suivante ?
C’est cela, redevenir acteur de son futur.
C’est la base d’un véritable plan d’innovation.
👉 Exemple : la compréhension du rôle de l’ARN messager dans la biologie moléculaire, découverte dans les années 1960, a permis de créer des vaccins à ARN - une innovation issue directement de la recherche fondamentale, devenue solution planétaire.
2️⃣ Remettre du temps long : l’approche des 3 horizons
Pour que ces nouvelles informations ne se perdent pas entre deux urgences, l’entreprise doit renforcer sa structure stratégique. Car si l’on ne voit que la fin du mois ou de l’année, il n’y a plus d’espace ni pour la réflexion, ni pour la connexion à la connaissance.
Il faut apprendre à naviguer selon 3 horizons stratégiques :
- Horizon 1 : exploitation et excellence opérationnelle (1 mois - 1 an)
- Horizon 2 : amélioration et transformation progressive (1 - 3 ans)
- Horizon 3 : anticipation, exploration, remise en cause des modèles existants (3 - 10 ans).
Ces 3 horizons ne s’opposent pas, ils se complètent.
Mais c’est l’Horizon 3 qui ouvre le champ de l’exploration, de la recherche, de l’apprentissage.
C’est là que se construit l’avenir.
Le Prix Nobel d’économie 2025, attribué à Philippe Aghion et Peter Howitt, nous le rappelle : la croissance ne naît pas du hasard, mais de la capacité à innover, apprendre et se réinventer.
👉 C’est tout le rôle d’un directeur de l’innovation : structurer cet Horizon 3.
C’est ainsi que je l’avais conçu lorsque j’ai bâti la plateforme innovation de Decathlon, puis plus tard celle de Somfy : créer les conditions d’une exploration continue, capable d’alimenter la stratégie long terme, de transformer la recherche en leviers d’action et de faire émerger des concepts réinventants avant qu’ils ne deviennent des évidences.
3️⃣ Mettre la connaissance au service du sens : la vision
La connaissance n’a de valeur que si elle sert un projet, une vision du futur.
Pour devenir opérante, la recherche a besoin d’être nourrie de questions nouvelles, portées par une vision forte.
On ne mobilise pas la recherche pour valider l’existant, mais pour changer les règles du jeu.
Cet Horizon 3 exige donc un cap : la vision.
Pas “que serons-nous dans dix ans ?”,
mais “que voulons-nous être dans dix ans ?”.
👉 Exemple : pourquoi Elon Musk a-t-il battu la NASA ?
Parce qu’il a posé une question nouvelle : “Et si les fusées pouvaient revenir sur Terre ?”
Et c’est ainsi que les mêmes ingénieurs ont reconsidéré leurs connaissances à la lumière de cette question, identifié les limites du savoir existant et mené de nouveaux programmes de recherche pour repousser ces limites et créer des connaissances inédites.
(On aime ou on n’aime pas, mais il faut reconnaître la puissance de vision et d’exécution hors norme.)
4️⃣ Construire un plan d’innovation connecté à la recherche
C’est ainsi que se construit un plan d’innovation, ou plutôt un plan de recherche-innovation.
Ce n’est pas une liste de projets, mais une dynamique vivante.
Un plan de recherche-innovation se structure par axes de transformation :
quelles sont nos questions transformatrices, les explorations apprenantes à mener pour acquérir les connaissances nouvelles qui permettront de développer les projets d’innovation que l’on a en tête ?
Ce plan s’articule autour de deux mouvements :
Explorer : poser des questions nouvelles, acquérir des connaissances inédites, ouvrir des champs de recherche.
Transformer : traduire ces apprentissages en produits, services, process ou modèles économiques.
De là émergent des grappes de projets :
certains relèvent de la recherche (créer du savoir, expérimenter, comprendre), d’autres de l’innovation (appliquer, transformer, valoriser).
👉 Exemple : chez Quechua, la vision de “l’énergie nomade” - rendre le randonneur autonome - a conduit à des programmes de recherche sur les panneaux solaires souples avec la société suisse Flexcell, puis avec une université écossaise pour l’intégration des modules de commande au textile.
👉 Autre exemple : la découverte du graphène, matériau à une seule couche d’atomes, a ouvert la voie à des écrans flexibles, des batteries durables et une nouvelle génération de matériaux légers.
🔶 DE LA CONNAISSANCE À L’ACTION : APPRENDRE EN EXPLORANT
Les questions issues de l’exploration deviennent autant d’opportunités : co-construire des programmes de recherche, rejoindre des consortium, accueillir un doctorant, ou simplement dialoguer avec le monde académique.L’entreprise n’est plus simple utilisatrice de technologies : elle devient co-créatrice de connaissance. C’est ce que nous (NDLR : Activate Innovation) appelons une exploration apprenante : un cercle vertueux où chaque projet devient une expérience d’apprentissage collectif.
👉 Exemple : en France, la société Hemarina s’est inspirée d’un ver marin (Arenicola marina) dont l’hémoglobine transporte cinquante fois plus d’oxygène que celle de l’Homme. De cette découverte biologique est née une technologie de rupture - HEMO₂life - capable de tripler le temps de conservation des organes avant transplantation.
👉 Autre exemple : la start-up française Purple Alternative Surface s’est attaquée à une question cruciale : comment désartificialiser nos sols tout en répondant aux besoins de stationnement urbain ? À la croisée de la recherche sur les matériaux et de l’écoconception, elle a mis au point des dalles drainantes et végétalisables en plastique recyclé ultra-résistant.
🔶 REPRENDRE LA MAIN SUR LE FUTUR
Connecter votre entreprise à la recherche, c’est accepter que l’avenir n’est pas écrit.
C’est décider de l’explorer, de l’apprendre et de le construire.
Chez Activate Innovation, nous aidons les entreprises à tisser ce lien entre vision et connaissance, entre stratégie et recherche. À créer les conditions pour que la recherche devienne un levier d’impact, d’apprentissage et de transformation durable. C’est aussi le cœur des projets que nous menons avec les universités et centres de recherche : accompagner leur évolution culturelle pour rendre plus simple, plus fluide, plus naturelle la connexion entre recherche et entreprises. Parce qu’au fond, c’est de là que naissent les vraies ruptures. Vive la Research-Driven Innovation !
🟧 Et si votre prochaine innovation naissait d’une rencontre avec la recherche ?






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